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Vous trouverez ici certaines des contributions réalisées par des membres de VIES 37

 

De quelques questions éthiques posées par l’intentionnalité et les conduites suicidaires

Vincent Camus, Florence Dubois, Isabelle Suzanne, Marc Fillatre

D’après l’OMS, le suicide "est un acte délibéré accompli par une personne qui en connaît parfaitement, ou en espère, l'issue fatale". Passage à l’acte ou intentionnalité suicidaires accompagnent, révèlent ou compliquent une pathologie psychiatrique avérée dans une grande majorité des cas. Dans d’autres cas le passage à l’acte ou l'intentionnalité suicidaire interviendront dans le cadre d’une situation de crise psychosociale qui survient lorsque, dans un contexte relationnel donné, les ressources psychologiques adaptatives individuelles se révèlent dépassées. En réponse à cette double détermination du passage à l'acte suicidaire, le système de santé s'est organisé d'une part dépister l'intentionnalité suicidaire et d'autre part pour prendre en charge la personne ayant commis un geste suicidaire, en particulier par le traitement des éventuelles comorbidités psychiatriques révélées par le passage à l'acte, ou par une intervention psychologique individuelle ou systémique permettant une voie de sortie de la situation de crise psychosociale. Pourtant, dans de rares situations, la conduite suicidaire ou l’intentionnalité suicidaire s’expriment en l’absence de tout contexte psychopathologique évident, de toute crise psychosociale. Ces situations ne sont pas sans poser un certains nombres de questions éthiques, au niveau individuel, sociétal, professionnel. L’évolution de la pratique médicale d’un modèle "paternaliste" vers un modèle plus "consumériste" érigeant le principe d’autonomie en une valeur essentielle qui modifie la pratique médicale et la nature même de la relation soignant-soigné, risque de voir se développer de plus en plus souvent, les situations dans lesquelles l’expression d'une intentionnalité suicidaire sera dissociée des situations classiques de comorbidité psychiatrique, de psychopathologie avérée ou de crise psychosociale. Les professionnels de santé doivent anticiper une telle évolution par la réflexion sur ses implications éthiques et ses éventuelles conséquences sur les modalités et limites de la pratique médicale.

(Attention : Téléchargement en bas de la page)

 


 

Les jeunes suicidants à l'hôpital, un ouvrage écrit par Marie Choquet et Virginie Granboulan, à l'initiative de la Fondation de France (20 janvier 2004)

« Les jeunes suicidants à l’hôpital »,

Si les facteurs de risque de tentative de suicide sont maintenant mieux connus, le mode de prise en charge hospitalière et le devenir des suicidants hospitalisés restent très peu explorés.

Face à ce constat et dans le cadre de son programme Santé des jeunes, la Fondation de France a pris l’initiative, en 1997, de lancer l’enquête « Jeunes Suicidants à l’Hôpital ». Réalisée sous la direction de Marie Choquet, épidémiologiste, directeur de recherche à l'Inserm, et Virginie Granboulan, pédopsychiatre, praticien hospitalier au Centre hospitalier intercommunal de Créteil, cette enquête a été poursuivie jusqu’en 1999, dans neuf centres hospitaliers (dont TOURS), auprès de 582 jeunes âgés de 12 à 24 ans et hospitalisés après une tentative de suicide. Les résultats de cette enquête, objet de l’ouvrage « Les jeunes suicidants à l’hôpital »*, permettent de mieux les connaître. Elle évalue, pour la première fois en France, le devenir de ces personnes à la sortie de l’hôpital.

Les jeunes suicidants.

Contrairement à l’idée trop souvent répandue, ces jeunes (des filles à 79%) ont une vie sociale et des occupations tout à fait semblables à celles de leur génération, de nombreux loisirs et un réseau d’amis pour 97% d’entre eux. D’origine sociale très diverse, ces adolescents ont toutefois des rapports difficiles avec le système scolaire (31% d’entre eux n’aiment pas ou peu l’école) et surtout avec la famille (61% juge la vie familiale « tendue »). Les garçons suicidants éprouvent plus encore ces difficultés, comparés aux garçons de la population générale, que les filles suicidantes par rapport aux filles de la population générale.

La prise en charge à l’hôpital et son influence sur l’évolution des jeunes.

L’attention portée aux adolescents suicidants s’est nettement améliorée et les intervenants ont aujourd’hui plus conscience de la gravité potentielle de l’acte suicidaire. De cette prise en charge, les jeunes sont d’ailleurs satisfaits : 71% des jeunes se sentent bien accueillis et 88% s’estiment bien soignés. Il serait cependant nécessaire, selon les auteurs, d’améliorer la prise en charge des garçons (temps d’hospitalisation et orientation post-hospitalière), au regard de la gravité différentielle de l’acte suicidaire masculin.

 


 

Les minorités sexuelles face au risque suicidaire NOUVELLE EDITION 2014

Acquis des sciences sociales et perspectives

Coll. Santé en action

François Beck, Jean-Marie Firdion, Stéphane Legleye, Marie-Ange Schiltz

Santé mentale, Information sexuelle / Livre

Fruit d'une collaboration de statisticiens, d'épidémiologistes et de sociologues, cet ouvrage fait le point sur plus de dix ans de recherche et d'études, dans le monde et en France, sur le risque suicidaire parmi les jeunes des minorités sexuelles et ceux qui se questionnent sur leur identité sexuelle. Il est destiné à sensibiliser les professionnels en contact avec les jeunes, qu'ils viennent des champs éducatif, sanitaire, social ou judiciaire sur les phénomènes spécifiques que sont l'homophobie, la lesbophobie, la transphobie, tout en soulignant leur lien avec une autre discrimination fondamentale : le sexisme.

 

Note de Jean-Marie FIRDION, Sociologue at Centre Maurice Halbwachs (UMR8097) Paris

Merci de mentionner la seconde édition de cet ouvrage sur les comportaments suicidaires parmi les minorités sexuelles (réclamée par les associations LGBT et celles qui travaillent auprès des jeunes) ; pour le mettre à jour, nous y avons ajouté les derniers résultats des (maintenant) abondantes recherches scientifiques (notamment celles issues d'une approche écologique, avec non seulement les études sur les effets des débats publics à propos du mariage des personnes de même sexe sur les minorités sexuelles et leurs proches mais aussi les effets de l'introduction de diverses formes légales d'union de personnes de même sexe sur les idéations suicidaires et les tentatives de suicide, maintenant que nous avons le recul de quelques années dans différents contextes nationaux) ; nous avons totalement réécrit le dernier chapitre (Des pistes pour l'action) pour mieux le structurer et l'enrichir par le développement récent des mesures de prévention (notamment les équipes mobile de psychiatrie infanto-juvénile et tout ce qui s'articule avec les MdA, en soulignant leur caractère précaire du côté des financements et des statuts), et avec tout un lot de suggestions et d'interrogations.

 

> Voir aussi, les 5 courts-métrages réalisés à la même époque pour l'INPES : "Jeune et homo sous le regard des autres :
un outil de lutte contre l’homophobie et prévention du suicide chez les jeunes homosexuels"

 

Sur le même sujet

De nombreuses recherches, principalement nord-américaines, ont mis en évidence un lien significatif entre orientation sexuelle et comportements suicidaires des adolescent e s / jeunes adultes (Beck & al., 2010). L’homophobie à laquelle les jeunes homo/bisexuel-le-s sont exposé e s est considérée comme l’hypothèse la plus sérieuse pour expliquer ce lien, mais, jusque-là, cette hypothèse n’avait jamais fait l’objet d’une recherche quantitative dans notre pays. Lire la suite...

Compréhension de l’acte suicidaire chez des jeunes homosexuels

par Anaïs Barrattini, étudiante master II Recherche en psychopathologie, clinique du sujet et du lien social ; Anne-Valérie Mazoyer, psychologue clinicienne, maître de conférences ; etSylvie Bourdet-Loubère, psychologue clinicienne, maître de conférences, université Toulouse-Le Mirail. Dans Enfances & Psy   2013/4 (N° 61) Pages 169 - 178  
Résumé Cet article résume une étude qualitative portant sur les liens entre homosexualité et suicide chez des jeunes homosexuels de sexe masculin. L’étude a été réalisée auprès de deux jeunes rencontrés en milieu associatif. Nous avons pu repérer que l’acte suicidaire masquait d’anciens traumas peu intégrés, venant s’inscrire dans un environnement précoce peu étayant. L’agir suicidaire viendrait soulager, dans ces deux cas, une impasse psychique non élaborable autrement et pourrait avoir valeur de réaménagement psychique, permettant par la suite à ces jeunes d’assumer une identité homosexuelle.
Mots-clés : homosexualité suicide adolescent trauma réaménagements psychiques
Plan de l'article :  Revue de la question Enjeux liés au choix d’objet homosexuel Le risque de l’homophobie Le recours à l’agir Rencontres cliniques Passer par l’acte pour ne pas mourir
http://www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2013-4.htm

 

LE SUICIDE : un problème de santé publique

Rapport Inserm oct2008.doc

Quelques chiffres éloquents qui caractérisent la France :

  • près de 10 500 suicides par an dont 3000 par armes à feu, 1200 par médicaments
  • 195 000 tentatives de suicide, soit 1 tentative de suicide toutes les 4 minutes en France
  • 1 000 000 de crises suicidaires par an
  • 12 000 000 personnes ayant des troubles psychiatriques
  • plus de 60 000 endeuillés
  • un coût humain et médico-économique incroyablement élevé (plus de 500 millions d'euros par an en coût direct sur les proches d'un suicidant (Vaiva et al, 2010))

 


 

Le suicide en face

Le magazine de la Cité des sciences

En parler simplement ? Non, ce n'est jamais simple. Donc en parler tout court. D'abord, parce que le suicide détient le triste privilège d'être reconnu « enjeu majeur de santé publique » : en France, deux fois plus de morts que les accidents de la route ; dans le monde, autant de morts que le paludisme. Et puis, parce qu'il faut tordre le cou à certaines idées fausses, comme le fait que le suicide serait le plus souvent un acte inéluctable et non prévisible.

La méthode ? Tout mettre à plat, de l'idée du suicide au passage à l'acte, mais naviguer en se gardant des écueils. Tel le risque de mélanger artificiellement des formes de suicide qui n'ont rien à voir entre elles (suicide des jeunes, suicide des hommes en pleine force de l'âge, suicide des plus âgés revendiquant la maîtrise de leur fin de vie…). Ou le risque de ne donner à voir que le miroir déformant des médias lorsqu'ils pointent certains suicides exceptionnels ou qu'ils abordent la question complexe du suicide au travail. En même temps, il faut tenir deux caps : le respect absolu dû à l'intime et à la mémoire, et l'interdiction légitime de toute forme de prosélytisme.

Dès lors, exposer au sens strict un sujet si plein de chausse-trapes imposait d'appeler à la rescousse des experts de nombreuses disciplines. Et de s'en tenir à l'objectif de départ : dresser une photographie du suicide la plus juste possible à l'aide des dernières études scientifiques et médicales. Des faits, des analyses, des reportages dans différents pays. Pour mieux comprendre le suicide et, peut-être, mieux combattre ou accompagner.

Isabelle Bousquet et Alain Labouze le 28/01/2009

 


 

LES Guides de l’OMS